breadcrumb

Bénéficiaires effectifs

C’est avec consternation que l’Association Luxembourgeoise des Journalistes Professionnels (ALJP) a pris connaissance cette semaine des dispositions d’accès prévues par le ministre de la Justice Felix Braz et le ministre des Finances Pierre Gramegna au Registre des bénéficiaires effectifs des sociétés et autres entités juridiques et au Registre des fiducies.

Créés par deux projets de loi transposant la 4e directive anti-blanchiment de l’Union européenne, ces registres visent plus de transparence quant aux réels bénéficiaires des sociétés installées sur la place financière luxembourgeoise. Or, l’accès à ces informations passera par une « commission de coordination » composée de hauts fonctionnaires du ministère de la Justice. En outre, seules les personnes ou les organisations établies au Luxembourg pourront demander à consulter les registres sur des sociétés précises.

Cette interprétation non-transparente de la directive européenne est d’autant plus regrettable sachant qu’au moins 9 autres pays-membres ont rendu leurs registres consultables pour le public. Une autre approche est donc tout à fait possible.

L’ALJP constate que ces projets de loi s’inscrivent dans une tendance générale du gouvernement actuel à ne pas vouloir avancer vers plus de transparence et d’accès à l’information. A cette occasion nous rappelons que :

– Le Luxembourg ne dispose toujours pas d’une loi réglant l’accès aux informations pour tou-t-es ses citoyen-nes.

– La législation sur la presse ne règle toujours pas les droits d’accès aux informations des journalistes professionnels.

– La « circulaire Bettel » est une mesure discriminatoire pour le travail des journalistes professionnels.

Pour conclure, l’ALJP veut faire part qu’elle trouve choquant les propos du ministre de la Justice, lorsqu’il a déclaré vouloir contenir la « curiosité maladive » du public pour expliquer son interprétation restrictive de la directive européenne. Il n’y a pas de « curiosité maladive » ni de la part du public, ni de la part des journalistes. La curiosité fait partie intégrante des devoirs des médias en tant que garante de la démocratie.

De la part d’un gouvernement qui doit en partie son ascension à la curiosité journalistique et au travail de la presse pendant les crises politiques qui secouèrent le pays en 2013, nous nous attendions à plus de respect pour notre profession.